Lundi 1er avril
L’hippocampe sur ses positions 7
Je m’attache à la corde puis me pend au jeu.
Le beau noeud coulant entre mes cervicales me retient de tomber du tabouret branlant de mes vieilles certitudes.
DES MOTS
Lundi 1er avril
L’hippocampe sur ses positions 7
Je m’attache à la corde puis me pend au jeu.
Le beau noeud coulant entre mes cervicales me retient de tomber du tabouret branlant de mes vieilles certitudes.
Dimanche 31 mars
L’hippocampe sur ses positions 6
Oh vous savez! les coups et les douleurs c’est tellement subjectif! me dit ce boxeur alors que je geignais à moitié KO sur le ring avec ce qu’il appelle fort à propos les yeux de Pâques.
C’est à dire un oeuf bleu et jaune sur chaque orbite.
Samedi 30 mars
Souvenirs de la maison des corps 8
Le nez s’écrase avec un bruit de cartilage sanglant sur la pierre nue. les yeux se maquillent d’anthracite et la diagonale du flou traverse son regard.
Ça tombe bien. Il ne voulait pas connaître l’horizon.
Le soleil se couche déjà dans le lit de son ignorance.
Ne rien voir, ne pas savoir.
Chut! silence dans l’errant.
Le matin le trouva serein, les yeux lavés à la lune froide.
Vendredi 29 mars
Psychose 6
Un Arbre hantologique a une balle-épée pour jouer à transpercer le ciel fantôme
Un arbre vivant est un Arbre gynéalogique, un Arbre de future enfance qui pousse dans les terres folles de la pensée
Vendredi 29 mars
Souvenirs de la maison des corps 7
L’oeil se lasse de voir et la paupière se met sur orbite.
Le regard s’en trouve affecté et cherche un nouvel angle de vue.
Les tempes s’affaissent soudain et les tympans s’ouvrent aux sons étranges venus du canyon de la gorge où coule la rivière de la langue.
Les dents protestent et leurs couronnes tremblent à chaque passage du souffle venu des poumons échappés de la cage.
Le coeur bat sans conviction aux quatre coins de ses cavités cireuses.
La nuit peut commencer.
Jeudi 28 mars
L’hippocampe sur ses positions 5
Cet après midi j’ai rendez-vous avec mon paléontologue. Nous devons déterminer quels sédiments conserveront mes os fossilisés dans quelques millénaires et la position dans laquelle je me trouverai afin de faciliter la reconstitution de mon squelette qui ne manquera pas d’intéresser la communauté scientifique à venir.
Il s’agit d’une simple projection et précaution avant disparition s’inscrivant dans le cadre des directives anticipées.
Mercredi 27 mars
Aperçu avant impression 4
L’enfant vit le merle noir à travers la vitre
Le merle noir vit l’enfant
Il s’approcha et tapa de son bec jaune à la fenêtre
L’enfant effrayé s’envola
Mardi 26 mars
Souvenirs de la maison des corps 6
Une excroissance improbable s’est formée sur sa joue droite.
Les cellules devenues folles de vieillesse ont bâti ce fanon extraordinaire au relief hercynien, aux couleurs improbables.
C’est du vivant qui se nourrit de la mort qui vient ou de la mort déjà au travail sur ce qui vit encore.
On ne peut séparer cette création de la créature au risque d’emporter la moitié du visage.
C’est extraordinaire, fantastique et bien réel, une chair surnuméraire joue sur la joue, jeu macabre de la peau, baiser hideux, sentinelle de la putréfaction à venir.
Ne pas regarder, c’est nier la mort et la vieillesse.
Regarder c’est se confronter à l’innommable qui est l’autre nom de la mort, c’est aussi l’apprivoiser, c’est être reconnaissant à la personne porteuse de ce monstre de nous avertir, ce que je porte, ce que je montre et que je ne vois pas c’est votre visage tôt ou tard.
Je vous propose une anticipation, une projection mais cette création fabuleuse c’est encore la vie.
Regardez, ne regardez pas, peu importe.
Je porte une obscénité, une chose qui n’a rien à faire là, un organe surnuméraire, ma seule création possible.
La dernière.
Lundi 25 mars
Malgré tout
« Traîne-moi avec des chaînes sur les pierres
Enfonce les torrents et les mers dans ma gorge
Comme un coquelicot mets ton fer sur ma gorge
Fais chanter mes genoux dans l’étau des murailles
Blanchis mes os comme un chien du désert
Porte mon crâne à deux mains lampe brisée
Allume-moi torche vivante aux carrefours
Crucifie-moi à la voilure des navires
Aux fenêtres des maisons en partance
O flamme lèche-moi comme une poutre basse
Ecrase-moi de tout ton poids triste saison
Recouvre-moi de feuilles mortes
Je ne parlerai pas
Je ne sais pas ce que tu veux me faire dire
Je suis innocent de tous mes crimes
Je suis fermé à la parole
Je suis un grand silence qui bouge
Je n’ai pas à te rendre compte de mon amour.«
René Guy Cadou
Dimanche 24 mars
L’hippocampe sur ses positions 4
Deux cigognes en cage
Deux vigognes en gage
Deux ivrognes en rage
Deux lavognes en nage
Verres de Bourgogne
Samedi 23 mars
« Je boite mais non pour le plaisir de boiter,
Je boite pour manger, je boite pour boire.
Je boite où des étoiles d’espérance me font signe
Je boite où des florins me font un clin d’œil.
Ce qu’on ne peut obtenir d’un coup d’aile, il faut l’atteindre en boitillant.
Il vaut mieux boiter que se perdre corps et biens.
L’ écriture dit : que boiter n’est pas péché. »
Friedrich Rückert
Samedi 23 mars
L’hippocampe sur ses positions 3
Si le petit gabarit que fait l’éléphant?
Vendredi 23 mars
Apercus avant impression 3
Je portais un vieux lapin posé dans les années 80 que j’avais retrouvé au grenier et j’hésitais entre le recyclage des amours perdus ou, juste à coté, le bac des rendez-vous manqués.
Elle avait dans les mains un paquet de lettres d’amour usagées et les lançait une à une dans le container des souvenirs encombrants.
« A chaque jour suffit sa benne » lui dis-je bêtement.
Elle daigna sourire : « J’ai un chagrin d’amour à balancer dans la poubelle des illusions trouvées mais il est trop lourd à porter, si vous pouviez… »
« Encore une rupture des années 90, un amour impossible jamais servi, deux malentendus en bon état, le tout à trier et je suis à vous… »
Jeudi 21 mars
Souvenirs de la maison des corps 5
Leur mémoire est un trou blanchâtre réfugié dans un coin de cerveau abandonné
Il se remplit parfois d’évènements si ordinaires qu’ils sont enregistrés sur papier bulles
Mercredi 20 mars
C’est le printemps.
les Primaflés fleurissent, butinés par les Gerbillons.
Les Doulinettes vrombolent au-dessus des Zinshias et le Carpati des talus fait déjà son nid.
Au loin, le Kacou des chênes caroncule, signe de beau temps.
D’ailleurs, les stradiculimbus du matin qui nous inquiétaient tant ont fait place aux altocombulus.
Et chantent déjà le charpière messager, la riboudelle boudeuse, la coucouline des toits, le rougignole écarlate et les zizis bruyats.